Libres et égaux en droits. Quid de l’emploi pour les personnes en situation de handicap ?

Aujourd’hui, 12 millions de personnes sont concernées par le handicap en France, soit 20% de la population française. Aborder le sujet du handicap c’est s’intéresser à un très grand nombre de personnes. C’est aussi plus largement, parler à leurs proches, leur famille et à leur entourage.

Quinze ans après l’adoption de la loi sur « l’égalité des chances et des droits, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » et la mise en place de l’obligation d’emploi de 6% de personnel en situation de handicap pour toutes les entreprises de 20 salariés, les inégalités demeurent.

Durant la Conférence Nationale du Handicap qui s’est tenue mardi 11 février dernier, Monsieur Emmanuel Macron a détaillé une série de mesures concernant entre autres le développement de l’apprentissage et l’accès à l’éducation pour tous les enfants en situation de handicap à la rentrée 2020.

« Les handicapés ont droit à une vie de dignité, une vie de liberté, une vie comme les autres, au milieu des autres »

Emmanuel Macron

Éducation, emploi et accessibilité restent des sujets non résolus.

 Avec un taux de chômage deux fois plus élevé à la moyenne nationale, et un accès aux études supérieures encore très limité (23 257 étudiants à la rentrée 2015/16), le handicap reste encore un frein important pour se former et trouver un emploi.
Triste constat, à ce jour, 5,7 millions de personnes sont en situation de handicap et en âge de travailler mais seules 988 000 sont en poste.

Plus inquiétant encore, une personne sur deux en situation de handicap déclare avoir été victime de discrimination dans l’emploi.

Dans son livre « La société inclusive, parlons-en ! »  Charles Gardou* affirme que  « La société n’est pas un club dont des membres pourraient accaparer l’héritage social à leur profit pour en jouir de façon exclusive ».
La diversité est en effet une richesse à cultiver. La société comme l’entreprise doit s’adapter pour avancer. L’emploi des travailleurs en situation de handicap est un enjeu de société qui doit tous nous mobiliser, cette problématique de l’emploi et donc de la reconnaissance vient s’inscrire tout naturellement dans la responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

Quid de la RSE et de l’implication des générations à venir ?

« Pour aller plus loin, plus haut, une société a besoin de valeurs fortes et partagées. » Charles Gardou*.

Une étude menée en 2017 par le cabinet Deloitte, démontre que la génération Y accorde une place importante à l’éthique.

En effet, 56 % des jeunes interrogés issus de cette génération souhaitent choisir leur employeur en fonction de leurs conduites et de leurs valeurs ; et 49 % ont refusé des missions ne correspondant pas à leur éthique !

La grande majorité des jeunes ayant répondu à l’enquête estime que la réussite d’une entreprise devrait être également mesurée sur des critères autres que financiers : développement des talents, comportement et contribution à l’évolution de la société.

Dans ce contexte, la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) apparaît comme un enjeu majeur du 21ème siècle. Elle représente un véritable objectif de communication ainsi qu’un levier de développement incontournable pour les entreprises qui souhaitent valoriser leur image et séduire les nouveaux talents de plus en plus vigilants, en quête de comportements éthiques et transparents.

Par voie de conséquence, la question du handicap, à travers sa dimension sociale et inclusive, est partie prenante de cette approche et doit être intégrée à toute stratégie RSE initiée.

L’emploi des personnes en situation de handicap devient ainsi un critère de sélection des consommateurs et des donneurs d’ordre. On sait d’ailleurs qu’une entreprise/marque ayant mis en place une politique d’emploi de personnes en situation de handicap obtiendra une meilleure image aux yeux des consommateurs (note de 8,3/10 sur ce point).

Un nouvel axe pour les communicants ? 

Bien conscient de ces nouveaux enjeux, le secteur de la communication n’est pas en reste, il s’est d’ailleurs emparé du sujet comme le prouve la création de la division RSE Développement Durable de l’AACC.

Celle-ci a mené différentes actions en relation avec la problématique du handicap, comme la création d’un guide : « le handicap, mettre en place une démarche simple et concrète » pour venir en aide aux agences qui souhaitent s’engager dans une démarche de sensibilisation active.

Dans la continuité de son action et pour répondre à la demande des annonceurs et témoigner de l’engagement des agences en termes de RSE, l’AACC a également construit en partenariat avec AFNOR Certification un référentiel RSE 100 % adapté à la réalité́ des métiers du secteur et de ses agences. Cet élément est particulièrement important puisque les agences titulaires de ce label pourront l’utiliser dans les réponses aux appels d’offres ainsi que dans leur rapport d’activités.

« Nous avions besoin d’un référentiel RSE véritablement adapté à nos métiers. C’est un facteur clé́ de la transformation de notre secteur et de la performance de nos entreprises. Les annonceurs doivent pouvoir valider l’intégration des enjeux de la RSE par leurs partenaires. » témoigne, Gildas Bonnel, Président de la commission RSE de l’AACC et de l’agence Sidièse.

Par ailleurs, le secteur de la communication s’engage également en termes d’emploi et de sensibilisation au handicap dans les agences auprès des salariés. Aujourd’hui 3 % des postes du secteur sont occupés par des personnes en situation de handicap dont :

  • 57% d’employés,
  • 28% de techniciens agents de maîtrises,
  • 15 % de cadres.

Dans cette quête des talents, la « marque employeur », devient donc un outil incontournable des ressources humaines et de la réputation d’entreprise et témoigne de la volonté d’action du dirigeant. Attention toutefois, à l’heure des réseaux sociaux, à rester cohérents et apporter des éléments de preuves. En résumé c’est la politique du « Je dis ce que je fais, et je fais ce que je dis ! » qui doit être appliquée.

Face à ces nouvelles attentes sociétales, les agences de communication ont donc un vrai rôle à jouer dans la construction d’une société plus ouverte à la diversité et au mieux vivre ensemble, comme le rappelle Charles Gardou « Une société inclusive, c’est une société sans privilèges, exclusivités et exclusions » .

  • Charles Gardou : Anthropologue, Professeur à l’université Lumière Lyon 2 et chargé d’enseignement à l’Institut de sciences politiques à Paris.